En 2020, 80.000 tonnes de déchets ont été jetées dans la nature, en France. Ordures ménagères, déchets électroniques, poubelles, métaux issus des chantiers du BTP et j’en passe. Ces dernières années, plusieurs communes françaises ont recensé des déchets d’amiante issus de divers dépôts sauvages. Un phénomène qui empoisonne la vie des élus locaux.
De nombreuses personnes souhaitent se débarrasser d’objets encombrants, mais ne réfléchissent pas aux conséquences de ce geste. Ces dépôts clandestins, interdits par la loi, s’avèrent dangereux et posent problème. Autant du point de vue environnemental que sanitaire.
Des chiffres révélateurs
Le rôle des Sentinelles de la Nature, qui appartient à la galaxie France Nature Environnement (FNE) avec plus de 5.000 associations en France, est de traiter les signalements de décharges mais aussi d’aider les personnes dans les démarches de transferts de déchets et alerter les citoyens sur le sujet.
«Sur le territoire Midi-Pyrénées, nous avons déjà reçu plus de 900 signalements de dépôts sauvages», explique Lou Fradkin, chargée de mission chez les Sentinelles de la Nature. Un chiffre encore plus inquiétant, « sur l’année 2021, 11 signalements étaient des cas de déchets amiantés ».
Une carte interactive disponible sur le site rassemble tous les signalements reçus par la plateforme.
Pour la chargée de mission, il ne faut « pas confondre les dépôts sauvages qui sont interdits et les décharges qui sont créées pour récolter certains déchets ». Elle déplore d’ailleurs qu’ « il y ait encore trop peu de décharges qui récoltent l’amiante ». En effet, « en 2013, 10% de décharges agréées présentes sur le territoire ».
Pour illustrer le phénomène, Lou Fradkin donne un exemple. « Un des derniers signalements que nous avons reçus dans la région ? Un abandon de déchets amiantés dans la forêt de Lisle-sur-Tarn, le signalement a été effectué par le maire, lui-même. Nous l’aidons dans les démarches qui sont encore en cours».
Des élus dépourvus
Dans une France où les 35.000 communes sont le plus souvent des villages, les maires sont les premiers concernés, ils sont pour beaucoup désemparés et ne savent pas comment s’y prendre.
Europamiante, une société de désamiantage basée en région parisienne, propose une solution pour simplifier le ramassage des déchets d’amiante. Comment ? « Un maire ou un particulier constate une décharge sauvage, il se rend sur notre site où il nous contacte directement, il peut remplir le formulaire pour informer nos opérateurs qui se chargeront de venir sur le lieu concerné, (…) Ensuite, le ramassage pourra être effectué tout en évitant le plus de mettre en danger la personne », explique Julie Lesage, directrice technique d’Europamiante.
Le plus important ? « Agir vite », affirme Julie Lesage. Les décharges sauvages ne sont pas repérées tout de suite, ce qui peut avoir de graves conséquences. L’aide mise en place est attendue par beaucoup, « Stop Amiante est divisé en trois ramassages pour l’Ile-de-France, les Hauts-de-France et la Picardie – Grand Est, ce qui permet de pouvoir agir plus efficacement ».
Sanctions : que dit la loi ?
L’évacuation de déchets amiante a un coût, pour le professionnel ou le particulier. Pour l’amiante, il faut compter entre 350 et 1.200 euros la tonne, selon la Fédération française du bâtiment (FFB). Considéré comme une matière dangereuse, l’amiante ne peut pas être déposé dans une installation classique, seulement dans une Installation de stockage de déchets dangereux. L’artisan ou le particulier pourrait être tenté de se débarrasser de ses déchets dans la nature à moindre coût. Mauvaise idée.
La réglementation s’est encore durcie ces dernières années après que le maire de Signes (Var), âgé de 76 ans, ait été tué en 2019, en voulant verbaliser deux personnes qui déchargeaient des gravats en bordure de route. Les sanctions peuvent se révéler extrêmement sévères.
Le Code pénal prévoit des contraventions pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros pour les personnes morales ou physiques, mais en cas de pollution avérée, l’éco-délinquant s’expose aussi à de douloureuses poursuites judiciaires. Le Code de l’environnement prévoit jusque deux ans d’emprisonnement, et 75.000 euros d’amende pour une personne physique, 375.000 pour une personne morale.